CONTE DE NOËL

 

Le père Noël enquête…

 

En franchissant les portes tournantes du centre commercial, en ce matin du 21 décembre, Antoine Valin, un employé des postes, est loin de se douter qu’une journée très spéciale l’attend et que grâce à lui, des vies seront bouleversées. Antoine personnifie le Père Noël depuis 15 ans, succédant à son père dans le rôle du bon vieux vieillard. Il a neigé toute la nuit et la petite ville, assise sur la frontière Canada américaine est ensevelie sous un épais manteau blanc. Les dizaines d’arbres de Noël croulent sous leur parure d’hermine et le petit Jésus de la grande crèche devant l’Hôtel de ville repose dans son berceau d’ouate, sous le regard attendri de Marie et Joseph, coiffés de bonnets blancs. Les étoiles, comme des lampions suspendus, se sont éteintes, il y a une heure à peine pour laisser l’aurore teinté de rose caresser le décor de carte postale. Chaque année à cette période, c’est la coutume pour les habitants de ce charmant village de vivre un Noël d’antan et ils mettent tout en œuvre pour attirer de nombreux touristes nostalgiques. Les automobiles sont remisées et remplacées par des carrioles, comme au bon vieux temps. Les messieurs, debout dans leurs voitures, conduisent fièrement leurs attelages, emmitouflés dans leurs paletots de chat sauvage et les dames arborent fièrement de longs manteaux à capuchon en étoffe du pays, les mains bien au chaud dans des manchons assortis. Durant trois jours, la fête populaire bat son plein.

En cette belle matinée de décembre, un groupe de mamans et leurs enfants, font le pied de grue devant le grand magasin, en attendant de voir le "vrai" Père Noël dans son royaume enchanté. Parmi eux, un petit garçon habillé comme un prince, plonge la main dans sa poche pour toucher quelque chose de mystérieux et, rassuré, il glisse sa menotte dans celle de sa jolie maman qui lui sourit avec tendresse.

__Tu n’as pas froid, mon chéri?

__Non, maman… Regarde, les portes s’ouvrent…

__Le Père Noël est enfin prêt à nous recevoir.

Confortablement installé sur son trône, entourés de ses lutins et de la fée des glaces, Antoine Valin, après un dernier ajustement à sa belle barbe blanche, observe avec amusement les enfants émerger d’une forêt magique et se diriger vers lui au son des clochettes. Il lit l’émerveillement dans leurs regards, et son cœur chavire.

Jean-François, Jasmin, gravit enfin les marches du trône, intimidé par le gros bonhomme Noël qui lui sourit gentiment. Du haut de ses six ans, il est bien déterminé à réclamer un cadeau très particulier et pour avoir gain de cause, il a prit les grands moyens.

__Comment t’appelle-tu, mon beau garçon? lui demande le Père Noël

__Jean-François, Père Noël, répond l’enfant en fixant les yeux bleus derrière les petites lunettes rondes, en glissant dans la poche bordée de fourrure blanche une enveloppe cachetée portant la mention: "Au Père Noël" et en bas à droite: "Personnel". Il soupire d’aise, il a réussi. Après quelques minutes de conversation avec le Père Noël, il va rejoindre sa maman à l’entrée de la forêt, assise sur un banc en grande conversation avec une dame de son âge. Des lutins gambadent joyeusement tout autour et distribuent des ballons rouges, verts et ors tandis que plane dans l’air ambiant les notes joyeuses du "Petit Papa Noël." Jean-François et sa maman se dirigent ensuite vers le rayon jouets pour admirer toutes les merveilles destinées aux enfants sages.

À quelques kilomètres au Nord, dans un autre village, au pied d’une colline coiffée de sapins enfarinés, un petit garçon est lui aussi en train d’écrire au Père Noël. La froidure pénètre dans la petite chambre mansardée, et chichement meublée. L’enfant suspend de temps à autre la rédaction de sa lettre pour réfléchir. La campagne enneigée et éclaboussée de soleil, s’encadre dans la lucarne aux rideaux jaunis. Un groupe de gamins chaudement emmitouflés dans des habits multicolores, tirent leurs traîneaux du côté d’une butte aménagée en glissoire. André se concentre sur son écriture. Il a entendu dire que le Père Noël, à la ville voisine, était le vrai et il s’est dit qu’il avait peut-être une chance d’obtenir le cadeau qui le rendrait tellement heureux. Il cachette sa lettre avec soin et descend au rez-de-chaussée rejoindre sa mère occupée à confectionner des beignets. André est orphelin de père depuis peu et sa maman se débrouille tant bien que mal pour subvenir à leurs besoins. Elle a aménagé une pâtisserie artisanale dans la cuisine d’été. La pâtisserie "Chez Dédé" a le vent dans les voiles, surtout en cette période de festivités. Dans la modeste demeure, il flotte en permanence une alléchante odeur de gâteaux et de biscuits. André doit, lui aussi, mettre la main à la pâte, en livrant toutes ces bonnes choses aux familles des environs qui lui remettent des sous en signe d’encouragement.

__Maman, je vais glisser avec mes amis.

__C’est bien, mon homme, mais ne reviens pas trop tard, il y a des livraisons à faire

__Je serai ici dans une heure, maman.

Il se dirige vers le magasin général. La clochette au-dessus de la porte fait apparaître une dame aux allures de grand-maman.

__Bonjour Dédé, qu’est-ce que je peux faire pour toi, mon beau garçon?

__Je voudrais poster une lettre importante au Père-Noël mais je ne connais pas son adresse. Voulez-vous m’aider s’il vous plaît?

__Mais avec plaisir, montres-moi cette lettre. Il faut mettre un timbre dessus pour commencer.

__J’ai de l’argent, Madame.

__Voyons voir, je pense que j’ai l’adresse ici quelque part. Ça y est, je l’ai. Va t’asseoir à la table dans le coin pour adresser ta lettre.

Dédé s’applique à écrire soigneusement et s’élance dehors pour aller déposer sa précieuse missive dans la boîte aux lettres, au coin de la rue, avant d’aller rejoindre ses copains. Si le Père Noël veut bien lui accorder le cadeau spécial qu’il désire plus que tout, il ne sera plus jamais seul…

 

Antoine Valin, vêtu en Père-Noël rentre chez lui après sa journée mouvementée. Il adore marcher dans les rues, envahit par les grandes ombres bleutées du crépuscule. Il neige. Les gros flocons blancs dansent autour de lui comme une nuée de papillons. Les lumières multicolores, suspendues aux corniches en frises, allongent leurs reflets dans tous les coins. Le village est auréolé d’une atmosphère magique et chaque année à cette période, il retrouve l’émerveillement son enfance. Il n’a pas d’enfants à lui et c’est un cadeau de s’entourer de toutes ces petites frimousses réjouies, année après année. Il est semeur de joie et prend son rôle très au sérieux

Devant chez lui, Antoine sourit. L’illusion est parfaite. Nichée dans la neige, au pied d’un sapin géant, sa maison ressemble à une maisonnette en pain d’épice, décorée de bonbons. On la croirait sortie tout droit d’une confiserie. Sa femme Aline lui ouvre la porte.

__Entrez, cher Père Noël, je vous attendais.

__Allô, ma chérie. Oh, quelle bonne odeur! J’ai une faim de loup.

__Tout est prêt, tu veux manger tout de suite?

__Je vais prendre une douche, avant. Tu serais gentille de sortir mon autre costume, un gamin a vomi sur mon épaule.

Tandis qu’Antoine disparaît dans la salle de bain, Aline vide les poches du costume et une lettre glisse sur le plancher. Elle la ramasse et la retourne entre ses mains.

__Antoine! Il y a une lettre dans la poche de ton costume.

Antoine surgit dans le salon, enroulé dans un drap de bain.

__Quelle lettre?

__Tiens regarde, c’est une écriture d’enfant et c’est personnel.

__C’est curieux. Ouvrons-là, nous verrons bien.

Bonjour Père Noël

Je m’appelle Jean-François, j’ai 6 ans et j’habite au 3339 Rue des Peupliers. Je vous écris pour vous demander un cadeau spécial. Je vis seul avec ma mère adoptive qui m’a appris que j’avais un frère jumeau que je n’ai jamais vu. Je veux que vous m’accordiez une faveur, Père-Noël. Comme vous allez distribuer des cadeaux dans toutes les maisons, pourriez-vous retrouver mon frère? Je vous envoie une photo de moi, se sera facile. Je vous souhaite du beau temps pour la nuit de Noël, pour que vous n’ayez pas froid, et j’attends de vos nouvelles Père Noël.

Jean-François Garant

 

Antoine est ému et remet la lettre dans l’enveloppe, songeur.

__Pauvre petit… si seulement je pouvais l’aider.

__Un miracle peut se produire, on sait jamais….

Il s’est produit ce miracle, le lendemain matin, alors qu’Antoine se rend au bureau de poste avant d’aller jouer les Pères Noël, histoire de saluer ses camarades de travail.

__Salut Antoine! Lui lance joyeusement l’un d’eux, viens un peu par ici, il faut que tu voies de tes yeux combien tu es populaire.

L’homme au teint basané est affairé à transvider une tonne de lettres dans une grosse poche en toile. Antoine n’en revient pas, tout ce courrier lui est adressé.

__Ce n’est pas tout, il y a encore trois poches dans l’entrepôt.

Il se penche pour saisir une brassés de lettre et l’une d’entre elle s’échappe pour atterrir aux pieds d’Antoine. Le postier la ramasse et décide spontanément de l’ouvrir… juste pour voir.

 

Bonjour Père Noël

 

 

Je m’appelle André, J’ai 6 ans. Je vous écris parce que vous êtes le vrai Père Noël et j’espère que vous allez me donner le cadeau que je veux de tout mon cœur. Mon papa est mort et ma maman est pas riche. Je ne pourrai pas aller vous voir en personne, Père Noël. Ma maman m’a dit que j’avais un frère jumeau que je n’ai jamais connu. Ma vraie maman est morte quand mon frère et moi on est venu au monde. Je voudrais que vous m’aidiez à le retrouver. Je vous envoie une photo de moi avec mes amis de classe et j’ai fais un rond autour de ma tête.

Merci beaucoup si vous décidez de m’aider et je vous souhaite du beau temps pour la nuit de Noël.

André Jasmin

5681 Rue des Sapins

Danville

 

Antoine est stupéfait! Il arrache la lettre des mains de son ami. Celui-ci le regarde, les yeux ronds.

__Qu’est-ce qui te prend? Tu connais ce gamin? Antoine! Je te parle, on dirait que tu as vu un fantôme…

__Non…c’est pas possible! Se serait trop beau…

__Vas-tu enfin me dire pourquoi une lettre d’enfant te met dans cet état? Regarde autour de toi, il n’y en a des milliers, tu n’as pas fini…

__Tu es en congé demain?

__Pourquoi me demande-tu ça? Je ne vois pas le rapport…Qu’est ce que tu mijotes?

__Est-ce que je t’ai déjà dis que tu avais une tronche de Père Noël?

__Une quoi!

__C’est toi qui me remplace demain au centre commercial et pas de discussion! J’ai besoin de ma journée, le bonheur de deux enfants en dépend. Tu vas voir, c’est un vrai plaisir de se faire grimper dessus toute la journée par des gamins enjoués.

__Attends une minute! Je n’ai jamais fais ça moi, je ne pourrai jamais….

__Mais si tu pourras. Je laisserai le costume chez toi en passant. Bon il faut que je me sauve, je suis en retard. Bonne chance, Père Noël!

__Tu ne me laisse pas le choix. J’ai hâte que tu me donne des explications, elles ont besoin d’êtres bonnes.

__Elles le sont, fais-moi confiance. Salut, on s’en reparle dans deux jours et n’oublies pas, sur le trône demain matin à neuf heures pile!

Antoine quitte son ami déboussolé, les bras ballants, au milieu du monceau de lettres. "Bon, puisque c’est pour une bonne cause", se dit-il en plongeant dans le volumineux courrier répandu sur le sol.

En revenant chez lui, en compagnie de sa femme, Antoine compare les deux lettres Il y a une certaine similitude dans l’écriture et les photos sont sans équivoques, ces garçons sont jumeaux. Ils décident ensemble d’une stratégie à adopter pour les réunir, tout en respectant le contexte de Noël et donner l’illusion d’un cadeau.

__Demain, nous irons faire un tour du côté de Danville pour voir où vit André. Je sais où habite Jean-François. Un vit dans la richesse, l’autre dans la pauvreté. J’ai réfléchi à la façon de les réunir et je crois que j’ai trouvé.

__Il faut être prudent, s’il fallait qu’ils ne soient pas frères…

__Mon petit doigt me dit qu’ils le sont. Imagines un peu la joie de ces petits garçons. Nous allons organiser la rencontre pour le 25.

__Comment vas-tu faire?

__Je suis le Père Noël, ne l’oublies pas...

Le lendemain après-midi, Antoine Valin et son épouse vont se balader du côté de Danville, sous un soleil radieux. Le paisible village est entouré de collines et ses maisons peintes de couleurs vives sont agglutinées autour d’une petite église en pierres qui pointe fièrement son clocher dans l’azur. Des arbres de Noël enneigés décorent les galeries des modestes demeures. Antoine a vite repéré l’adresse d’André.

__La mère d’André tient une pâtisserie. Si on entrait jeter un coup d’œil?

__Allons-y. J’espère que nous verrons l’enfant.

En pénétrant dans la pièce basse blanchie à la chaux, Aline et Antoine hument les arômes sucrés avec délice. Une femme entre deux âges est affairée devant le fourneau. Elle se retourne et sourit aux visiteurs.

__Bonjour! Que puis-je faire pour vous?

__Il paraît que vous faites les meilleures pâtisseries du comté, madame. Mais comme tout ça est appétissant!

__Nous allons regarder et choisir, madame, ça sent tellement bon!

__Prenez votre temps.

La dame se rend à la porte qui donne sur un boudoir et crie: "André! Viens me voir, mon petit homme, il y a des livraisons."

__J’arrive maman.

Antoine tourne la tête et aperçoit un petit garçon maigrichon vêtu modestement et il a un coup au cœur. Il est bien le frère de l’autre. Même cheveux blonds bouclés, même yeux noirs et même bouche rieuse. Aline lui jette un œil entendu. L’enfant saisit les boîtes empilées sur le comptoir, après avoir enfoncer sa tuque marine jusqu’au oreilles. Avant de sortir, il gratifie le couple d’un beau sourire.

De retour à la maison, Aline et Antoine rangent leurs emplettes et décident d’aller rendre une visite à la mère de Jean-François.

__J’espère que Jean-François n’est pas à la maison. Il fait tellement beau, allons-y à pied, c’est à peine à dix minutes de marche.

Dans la rue, c’est la parade des carrioles dans un joyeux tintement de grelots. L’air pique les joues et le vent taquin secoue les sapins de Noël de leurs trop plein de neige pour décorer les épaules des passants de confettis glacées. Dans les cours, des bonshommes de neige sont plantés bien droits comme des sentinelles, exhibant fièrement leurs couvre-chefs et leurs foulards multicolores en observant de leurs gros yeux charbonneux, les enfants se rouler dans la neige.

__C’est ici que demeure Jean-François.

Antoine sonne à la porte et un carillon raisonne à l’intérieur. Une jolie madame vient leur ouvrir.

__Bonjour madame, nous aimerions vous parler au sujet de Jean-François. Rassurez-vous c’est une très bonne nouvelle. Votre fils est-il à la maison?

__Non, il joue dehors avec ses amis, mais entrez donc…

Une heure plus tard, Antoine et Claudia, heureux de la tournure des événements, marchent en direction du centre commercial. Dans la rue, des familles sont entassées dans des voitures et chantent des airs de Noël. La neige craque sous les sabots des chevaux qui avancent d’un pas tranquille en dodelinant de la tête, agacés par les guirlandes que les enfants ont accrochées aux harnais.

__Allons manger une bouchée et nous irons ensuite voir comment se débrouille le Père Noël d’occasion, propose Antoine.

Le pauvre Marcel en a plein les bras et sue à grosses gouttes sous les projecteurs. Il a repéré Antoine dans la foule et ne peut s’empêcher de secouer son index dans sa direction en voulant dire: "Toi, tu m’en dois une!" Antoine rit et lève son pouce en signe d’encouragement.

Le lendemain soir, 24 décembre, Jean-François et sa maman marchent en direction de la petite église illuminée pour assister à la messe de minuit. Il neige à plein ciel. Les gros flocons folâtrent au-dessus du village avant de se poser sur le sol pour briller dans l’éclat des réverbères. Près de l’église, une dizaines de carrioles sont disposées en rang d’oignons et les fidèles pénètrent dans le temple par petit groupes recueillis au son d’une musique angélique. Fidèle à la tradition, une crèche vivante trône à droite de la nef. Marie, Joseph, les bergers les rois mages sont réunis autour d’un berceau vide en attendant le petit Jésus. Il est minuit. Un ténor entame le Minuit Chrétien au moment où les fidèles sont plongés dans le noir. La lumière rejaillit quelques seconde plus tard…Jésus est né. Un petit bébé gigotant dans ses langes est couché dans le berceau rempli de paille et recouvert d’un édredon blanc. Jean-François est ému et fait une prière: "Bon jésus, je voudrais connaître mon frère, voulez vous m’aider à le retrouver s’il vous plaît? Je sais que Père Noël est très occupé et je vous le demande à vous aussi. Je promets d’être sage. Amen."

En revenant à la maison, la mère de Jean-François saisit une lettre, perchée sur une branche de l’arbre de Noël de la galerie.

__Tiens…c’est curieux, il y a une lettre pour toi.

Jean-François écarquille les yeux de surprise.

__Une lettre pour moi! Je peux l’ouvrir, maman?

__Mais oui, mon chéri, elle est à toi. Dépêchons-nous d’entrer. Je me demande qui a bien pu t’envoyer cette lettre.

Jean-François s’empresse de l’ouvrir et fou de joie, crie à sa mère: 

__Maman! Tu le croiras jamais, c’est une lettre du Père Noël!…

__Le père Noël t’a écrit! C’est gentil de sa part.

__Écoutes ça maman.

 

Cher Jean-François

Cette année, j’ai décidé d’organiser un concours pour tous les petits amis qui sont venu me voir dans mon royaume. Ton nom a été choisi et tu es invité avec ta maman, demain soir, à souper avec moi et la fée des glaces, avant mon départ pour le Pole-Nord. Rendez-vous à mon royaume à 18 heures.

Au plaisir de te connaître

Le Père Noël

À Danville, au même moment, Dédé et sa maman reviennent à la maison, après avoir assister à la messe de minuit. Dédé a le cœur gros. C’est son premier Noël sans son papa. Il marche en silence tout en réfléchissant à la demande qu’il a adressée au petit Jésus.

__Ça va Dédé, quelque chose ne va pas? Demande sa maman.

__Maman, tu crois que si nous désirons une chose très très fort, elle se réalise?

__Oui, mon petit homme, parfois nos désirs se réalisent. Pourquoi me demandes-tu ça?

__J’ai demandé une grande faveur au petit Jésus et aussi au Père Noël…

__Une faveur! Tu veux m’en parler?

__C’est un secret, maman.

__Si c’est un secret…Comme c’est beau toutes ces lumières...

"Ce serait encore plus beau si j’étais avec mon frère."…Marmonne Dédé, en hâtant le pas.

Et le lendemain midi…

__André, il y a une lettre pour toi, un monsieur vient de l’apporter.

__Une lettre pour moi, maman, tu es certaine? Qui peut bien m’écrire?

__Ouvres-là vite, je suis aussi curieuse que toi.

André a les yeux grand de surprise.

__C’est une lettre du Père Noël maman, il y a aussi deux billets d’autobus.

Cher André

Ton nom a été choisi, parmi tous les amis qui m’ont écrit une lettre, pour venir souper avec moi et la fée des glaces, demain soir, à 18 heures, avant mon départ pour le Pôle-Nord. Je joins à ma lettre deux billets d’autobus pour toi et ta maman, elle est invitée aussi. Rendez-vous à mon royaume à 18 heures.

J’ai hâte de faire ta connaissance.

Le Père-Noël.

 

Il est presque 18 heures, le lendemain soir. Antoine a obtenu une permission spéciale pour se rendre à son Royaume, afin de recevoir les enfants. Un portier déguisé en lutin les attend à l’entrée.

C’est Jean-François et sa maman qui traversent les premiers la forêt enchantée. Jean-François est surpris du silence ambiant. Le Père Noël est assis sur son trône, la fée des glaces est auprès de lui. Il l’invite à les rejoindre.

__Bonsoir Jean-François. Viens t’asseoir près de moi, nous allons attendre ensemble un petit ami, avant d’aller souper. Tiens… il arrive justement.

Jean-François est abasourdi et se demande s’il rêve. Il dévale les marches du podium et reste planté là à dévisager André aussi stupéfait que lui.

__Maman! Crie André, regarde…c’est moi!

Le père Noël rejoint Jean-François tout tremblant, lui prend la main

et ensemble, ils marchent vers André. Les deux mamans sont émues. Une fois l’effet de surprise passé, les deux frères se précipitent dans les bras un de l’autre.

__Oh, merci Père Noël, vous avez retrouvé mon frère, s’exclame Jean-François. Les deux gamins sautent au cou du Père Noël qui les reçoit sur son cœur. Jean-François et André sont alors témoins de quelque chose d’inusité…le Père Noël pleure…

__Comment t’appelles-tu?

__Jean-François et toi?

__André.

C’est ainsi que la destinée de deux petits frères fût transformé, grâce à la magie de Noël…

 

Joyeux Noël mes petits amis

Nicole Paradis